jeudi 28 février 2008

Le Crédit Agricole réinvente… : Le crédit agricole !



Le Crédit Agricole parait réinventer… : le crédit agricole, celui d’il y a plus de cent ans. Il découvre en effet au travers du modèle Gramen Bank - qui n’est que la première étape de son propre développement- la solution au développement des pays émergents,. Tout ce qui a été fait jusque là, en Afrique notamment, y compris par le Crédit Agricole n’a consisté qu’à tenter de mettre en place le modèle actuel qui n’a plus rien à voir avec l’original basé sur la coopération et le mutualisme.

Le Crédit Agricole français après s’être impliqué par exemple dans la création de la Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal – banque commerciale ne reposant sur aucun principe coopératif et mutualiste- s’en est retiré vingt ans plus tard après constat d’un échec prévisible dès l’origine.

L’application du modèle de base qui a été à l’origine depuis cent ans du développement des agricultures européenne et en particulier française, aurait permis d’assurer la première étape du développement des pays émergents, celle du secteur primaire permettant d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. On préfère suivre la Banque Mondiale qui après avoir violemment rejeté Muhammad YUNUS et son modèle en ont fait la tarte à la crème du développement dit durable.
Le rapport interne de cette même Banque Mondiale en date du 18 octobre 2007 montre bien que l’on fait fausse route, il ne donne pas pour autant les orientations qu’il conviendrait de prendre pour sortir du drame de la pauvreté et de la famine.

Les Instituts de Micro Finance (il faudrait dire I.M.F pour sacrifier à l’américanisme ambiant !) ne déboucheront sur rien tant que l’on n’aura pas compris qu’il faut bancariser les populations les plus pauvres, la majorité, afin que les flux financiers résultant de leur activité ne s’évadent pas vers les banques commerciales, mais soient en permanence réinvestis dans ces activités.
La construction coopérative ne doit pas chercher la ressource auprès des banques commerciales, mais auprès des plus pauvres, y compris les diasporas à l’étranger et la rediriger vers le secteur rural à financer en priorité.

Le Crédit Mutuel français semble lui être le seul, mais il ne parait pas beaucoup aidé ou soutenu, à avoir compris ces notions élémentaires en développant dans divers pays d’Afrique et notamment au Sahel des structures coopératives construites à partir de la base où les flux financiers liés à l’activité agricole notamment ne s’évadent plus vers les banques commerciales –qui refusent de prêter à l’agriculture- mais sont, respectant en cela le principe de proximité tant géographique que sectorielle de la coopération, en permanence et entièrement réinvestis dans le secteur primaire. Il est en outre le seul à s’intéresser au rapatriement des sommes de la diaspora africaine en France en évitant qu’elles ne soient taxées à plus de dix pour cent par les officines qui en assurent le transfert. Les sommes concernées au lieu d’être thésaurisées ou affectées à des investissements de prestige (immeubles ou troupeaux improductifs), sont intégralement injectées dans le secteur rural.

Les ONG, qui prétendent avoir inventé la micro finance, oublient que ce principe de base dont l’efficacité repose sur une évolution contrôlée remonte à la plus haute antiquité, on connaissait les principes coopératifs à Babylone, et les tontines ne sont pas une invention particulièrement récente.
Ces mêmes ONG, dont les bonnes intentions ne sont pas contestables mais l’enfer n’en est-il pas pavé ? interviennent par ailleurs de façon incohérente voire désordonnée dans la mise en œuvre des outils de financement du secteur primaire ce qui enlève toute efficacité à ces outils.

Bon vent à la fondation ! Une de plus.

Jean-Pierre Canot auteur de « Apprends-nous plutôt à pêcher ! »
20 février 2008.